Au bout d’un an de pratique de Yoga avec un professeur, j’ai suivi suffisamment de cours pour commencer à mettre en place une pratique personnelle, et pour pouvoir re-créer une séance de pratique individuelle à la maison, quasi-quotidienne. Voici comment j’ai procédé…
Au départ, l’objectif de pratiquer hors du YogaShala
C’est quelque chose de très clair dans mon esprit depuis le début : je suis des cours de Yoga pour pouvoir pratiquer individuellement, à la maison. Même si je suis très à l’aise avec les professeurs et les autres élèves du Shala, et que cette pratique collective est non seulement indispensable, mais également enrichissante, j’aspire, à terme, à une indépendance certaine dans ma pratique.
Ce n’est apparemment pas évident pour tout le monde, d’autres élèves doués de 2 années de pratique ou plus, en groupe, m’ont expliqué avoir beaucoup de mal à mettre en place cette routine. Pour vous expliquer mon approche de la chose, je vais faire un parallèle avec la musique.
L’apprentissage du Yoga c’est un peu comme la musique
Si vous vous essayiez à la pratique d’un instrument de musique, la guitare par exemple, et que vous vous décidiez à prendre des cours, vous n’auriez pas le choix : il vous faudrait jouer entre deux cours de guitare, pour assimiler les exercices, vous faire l’oreille, délier les doigts, « bosser » vos morceaux.
Et ceci passerait forcément par une pratique individuelle à la maison, en plus des cours. Les professeurs de musique, tous horizons et styles confondus, insistent à l’unisson sur ce point : il faut jouer, jouer et encore jouer l’instrument. Fausses notes, crampes de doigts, boucles sans fins, gammes, doigtés, plans… Un élève qui vient au cours sans avoir pratiqué chez lui, individuellement, ne progressera pas. C’est un fait.
Pour en revenir au Yoga, et afin de mettre en place une pratique personnelle, le chemin est comparable : il nous faut pratiquer entre les cours, chercher, expérimenter, reproduire, corriger, essayer. S’assouplir lorsque l’on est débutant, bien entendu, et que l’on part de loin, comme moi, est contraignant et éprouvant physiquement.
La souplesse n’est pas un objectif, mais avec une pratique régulière, elle va venir à vous, de façon naturelle. Ce n’est pas en forçant le jour J du cours hebdomadaire de yoga que cette souplesse viendra.
Ayant réussi assez rapidement à mettre en place une pratique individuelle, 3 à 4 séances par semaine en plus du cours au YogaShala, j’ai remarqué que j’accédais assez rapidement à des postures comme Sirsasana, ou tout simplement que mes ViraBhadrasana gagnaient en stabilité, et surtout que je n’avais plus de courbatures d’une séance à l’autre.
Attention, il ne s’agit pas ici de faire avec la course avec les autres élèves, mais le constat est là : la pratique améliore la pratique. Dis comme ça, ça paraît si simple… et c’est exactement ça.
Practice and All is Coming
Bien plus qu’une maxime, c’est toute l’idée de la pratique de Yoga qui se retrouve derrière cet aphorisme, qui si j’ai bien compris, nous provient ni plus ni moins des Yogasutras de Patanjali, que je n’ai pas encore lus 🙂
Car s’il est une approche que j’apprécie particulièrement dans le Yoga, c’est justement l’absence de compétition, de comparaison : tout ce que vous êtes est parfait. Vous avancez sur votre chemin à votre rythme. Mais cela passe à mon avis forcément par une pratique personnelle, individuelle. Durant laquelle la compétition cède la place à l’exploration.
J’ai lu sur un article de blog, que je ne parviens pas à retrouver, que certains professeurs de Yoga infantilisent leurs élèves sur le plan pédagogique, ne les incitant pas suffisamment à explorer, les rendant involontairement dépendant de leur enseignement.
Alors, non, on n’apprend pas le Yoga dans les livres, ni sur YouTube, ni via des cours en ligne. On l’apprend guidé par un professeur, en le pratiquant chez soi. Je n’ai plus aucun doute là-dessus. Les lectures sont enrichissantes, une vidéo peut vous éclairer sur tel ou tel asana, les cours en ligne sont utiles en cas de confinement, n’est-ce pas ? Mais c’est notre pratique personnelle qui nous fait avancer sur le chemin yogique !
Mettre en place un rituel dans sa pratique
Si vous avez la chance de pouvoir dédier, chez vous, un espace ou une pièce à votre pratique personnelle, ceci est propice à la mise en place de votre pratique yogique quotidienne. Bien sûr, il vous faudra un minimum de matériel, c’est-à-dire : un tapis de yoga, et éventuellement, si vous savez quoi faire avec, une sangle et quelques briques.
Une fois votre cocon yogique établi à la maison, il nous faut dégager du temps. Personnellement, mon créneau favori est le matin, tôt. Il est d’ailleurs plus facile, lorsque l’on partage son intérieur avec sa famille, et que l’on doit composer avec les contraintes et horaires de chacun, d’occuper le salon avant le lever du soleil. Si ma pratique personnelle est venue de façon assez naturelle, le fait de l’avoir ritualisée l’a, je pense, inscrite dans le temps.
Par chance, en allant sur mes 40 ans, j’avais déjà pris goût à me lever tôt depuis 1 ou 2 ans, et donc mécaniquement, je me couchais déjà tôt le soir. Il faut dire que j’ai depuis longtemps viré la télévision du salon. Je ne suis pas accroc aux réseaux sociaux, je n’y passe pas plus de 15 minutes par jour. Ah oui, un conseil d’ordre général en passant : faites sortir Facebook de votre vie !
Si on passait autant de temps à pratiquer le Yoga, la guitare, la danse -ou que sais-je, la philatélie- qu’on en passe sur les réseaux sociaux, non seulement notre santé mentale se porterait mieux, mais en plus on serait tous « doués » d’une faculté à développer nos pratiques culturelles, artistiques, musicales, sportives, etc.
Puisqu’on parle de trouver du temps, je ne pense pas non plus que rogner sur son sommeil, se lever à 5 heures du matin avec un réveil-matin, et accessoirement faire subir à son entourage la fatigue occasionnée par la mise en place de cette pratique soit une bonne chose.
Si vous ne parvenez pas à trouver un créneau horaire, c’est qu’il y a un autre problème : vous travaillez trop ! Ou alors, c’est que finalement, vous n’êtes pas prêts à pratiquer le Yoga ? J’ai d’ailleurs lu avec circonspection que des professeurs de Yoga faisaient des burn-outs ! Sûrement anecdotique en volume, mais suffisamment paradoxal pour le souligner.
Ceci étant dit, revenons-en à notre pratique personnelle : certains privilégieront une pratique de fin de journée, avant de dîner, rappelons que la pratique du Yoga se fait à jeun. J’ai à mes débuts essayé de pratiquer le soir, mais ceci m’empêchait de dormir, non que je passais des mauvaises nuits, mais tout de même, cela ressemblait plus à des insomnies douces qu’à des vraies nuits de sommeil. J’ai donc définitivement opté pour la pratique du matin, personnelle ou en cours collectif au YogaShala.
Au niveau de la pratique, lorsque l’on est seuls sur son tapis, se pose la question du contenu de la séance : quels asanas puis-je faire ? J’ai pour ça pris une habitude qui n’a rien d’un secret, car elle est en fait évidente : après chaque cours collectif sans votre YogaShala ou studio de Yoga, notez la séance dans un carnet !
Je me suis rendu compte que rien que le fait de les noter est très bon en terme d’assimilation. Je dirais même que cela fait partie de la pratique ! Ensuite, libre à vous de reproduire ces cours, tout.e seul.e, sur votre tapis, à la maison. Attention, achetez un grand carnet car vous risquez d’y prendre goût !
Et ne sacrifiez pas Savasana en fin de séance. Apprendre à pratiquer cet asana de clotûre de séance par soi-même est certes un peu difficile, en l’absence de la voix de votre professeur guidant la relaxation, mais encore une fois très enrichissant.
Ah oui, pour finir, au niveau de l’intensité, allons-y doucement ! J’ai récemment déclaré une tendinite au niveau de la malléole externe, que je pense avoir déclenché à cause d’une pratique inadaptée de UrdvaMukha Svanasana. Diagnostiquée rapidement, soignée par de la kiné et par une pratique adaptée, je n’ai pas pour autant interrompu ma pratique.
Bonne pratique à toutes et à tous 🙏